Au matin le même tiraillement...

au matin le même tiraillement

le même hibou momifié dans la poitrine

une soif lancinante la tenaille

ça enfle et monte

se loger dans les capillaires

dans les villosités

à la racine des cheveux

ça pousse et graphigne

ça se tord d’envie

elle accumule

elle est un compte à intérêt élevé

 

***



 

elle mange assez de glucides

sa posture est impeccable

comme la tenue de sa maison

rien ne traverse ses parois

on la croirait imperméable

en vérité elle est constellée de micropores

bientôt elle fera la roue

se composera un faciès digne

elle récitera avec ses organes

ce qu’elle a appris par elle-même

au contact de milliers d’autres

 

***

 

une haute nuée d’oiseaux synchrones

chorégraphie un archipel

au-dessus du chantier

les rongeurs font leur nid

entre les germes décolorés

la nuit s’étend

par-delà les charpentes

 

l’essaim se rue sur elle

elle régurgite

quelques ossements

et un duvet radiant

Référence bibliographique

Anne-Marie Desmeules, Envies, Le Quartananier, 2022, p. 105-107.

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